La souffrance dans le deuil

Nous affrontons tous, à un moment ou à un autre de notre vie, la mort d’un être cher. Tout deuil amène sa part de souffrance. Elle est à la fois universelle, et propre à chacun, propre à chaque situation, chaque vécu, chaque caractère.

Nous savons pour autant que toutes consolations se trouvent en Christ.

Lui seul garde notre âme. « C’est ma consolation dans ma misère, car ta promesse me rend la vie. » (Psaume 119 : 50)

Quand on perd un proche, la douleur que nous ressentons est parfois insupportable, laissant un vide abyssal, sans fond, béant ; les blessures du passé pouvant alors surgir, tels des geysers, et nous envahir. Dans les moments intenses de désarroi qui accompagnent les premiers temps du deuil, cette souffrance est à son sommet. Nous ne ressentons que l’absence, le vide. Cette absence, ce vide, s’accompagnent d’une grande douleur. Je m’étonne toujours de la douleur physique, « ressentie, palpable » qui accompagne quelque chose d’aussi immatériel qu’un sentiment, une émotion : l’amour.

La perte d’un être aimé est la plus grande tragédie par laquelle nous devons passer. C’est comme un trou qui s’inscrit à l’intérieur de nous, un abîme dans lequel s’enfonce notre peine.  Plus la personne nous est chère, plus le trou est grand, profond, large.  Nous ressentons cette perte au plus profond de notre être. Elle est là, chevillée au corps, nous consume dans un premier temps, nous anéantit, rend confuses nos pensées et obscurcit parfois notre avenir.

La souffrance de cette perte peut prendre différentes couleurs, celle de l’abandon, celle de la culpabilité, celle des regrets, celle de la séparation. De tout ce qu’on ne s’est pas dit et que l’on ne se dira jamais. Elle renvoie à notre propre finitude. Elle marque, ponctue le temps.

La perte violente d’un être jeune, génère souvent une douleur violente ; car rien n’est dans l’ordre des choses, elle prendra alors les couleurs d’une « souffrance- colère« .

La perte accidentelle est violente, car personne n’est « préparé ».

La perte après un long combat peut être moins violente, elle pourra alors prendre les couleurs d’une « souffrance -échec« , celle d’avoir perdu le combat.

La perte d’une personne avec qui nous étions fâchées, non réconciliées, peut être violente, elle prendra les couleurs d’une « souffrance -culpabilité ». La culpabilité de toutes ces paroles non dites et qui ne se diront plus…

Il est important de pouvoir exprimer à Dieu, sans aucune crainte et en toute liberté, nos craintes, peurs, colères, blessures, déceptions, sentiments d’abandon, notre incompréhension, notre désarroi… Bref tous nos sentiments, ressentis, blessures, et la liste peut être longue. Notre colère peut être à son égard, contre lui. « Il a pris », « Il n’a pas guéri », « Il n’a pas protégé » …. Il est important d’exprimer tout ce que nous ressentons. Ouvrons lui notre cœur, disons lui ce que nous ressentons. Il est préférable, et cela fait entièrement partie du processus de deuil de pouvoir exprimer tous nos sentiments, de les manifester, plutôt que de les ignorer, voire de les réprimer. 

Il ne s’agit pas d’ignorer cette douleur. Elle s’impose, et va composer notre vie à venir, nous redéfinir dans nos priorités, redéfinir nos liens avec les autres. Dans la famille, elle révèle les failles, recompose la place de chacun. Cette douleur peut-être une force pour aller de l’avant, ou un boulet qui nous cloue sur place. Plus nous l’ignorons, plus elle est un boulet. Plus nous l’accueillons, la regardons, plus elle deviendra une force. C’est d’ailleurs exactement ce qui se passe dans le travail du deuil. De la sidération à l’acceptation, il s’agit de reconnaître, accueillir, apprivoiser cette douleur afin d’accepter l’inacceptable séparation. Que l’on soit croyant ou non, il est normal de ressentir cette souffrance. L’être aimé, disparaît de notre environnement proche. Nous ne nous construirons plus de souvenirs ensemble, mais intériorisons les vieux souvenirs que nous nous rappelons comme on se passe et repasse un vieux film. L’être aimé n’est plus là, et il faut faire avec. Cette absence met fin à une relation. Cette relation c’était du vécu, des odeurs, des couleurs, des sons, des paroles, des rires. Cela ne s’efface pas pour autant. Cela se transforme et c’est cette transformation qu’il faut vivre. Il faut vivre ce vide, laisser Dieu nous consoler, guérir, restaurer et nous remplir.

L’écrivain et universitaire, CS Lewis (1898 -1963) disait qu’au décès de son épouse, sa colère contre Dieu était tellement grande, que pendant quelque temps, il s’est répandu en injures devant lui contre lui. Après avoir épuisé ses injures et son ressenti négatif, et avoir accusé Dieu, il a ensuite senti ses bras affectueux l’entourer.

Notre Seigneur n’est pas fâché contre nous quand nous lui ouvrons notre cœur et lui disons ce que nous ressentons. Il nous écoute, comprend, patiente et vient nous cueillir au bon moment. Il nous connaît. C’est pourquoi, il est important de lui dire notre douleur, notre souffrance. Ce faisant, nous faisons appel à son soutien, et à sa puissance consolatrice.

Lorsque nous le faisons, nos larmes ne s’arrêtent pas pour autant. Notre douleur ne disparaît pas magiquement, notre chagrin ne disparaît pas subitement.  Nos réactions émotionnelles font parties de nous. Elles sont tout à fait normales. Comme je l’ai dit plus haut, elles font partie du processus de deuil, l’effet thérapeutique est grand, puissant et fondateur. Ces larmes viendront arroser la terre de notre construction future. De ce que nous deviendrons. Car, indubitablement, un deuil, la perte d’un être cher, nous transforme, nous change, nous redéfinit.

Si nous regardons de plus près, nous pouvons expérimenter la présence de Dieu dans ces larmes et ce chagrin. Il est utile et fondamental de laisser cette douleur faire son œuvre en nous.

A travers cette douleur, nous pouvons expérimenter le rôle de compagnon de notre Seigneur. Celui qui nous accompagne, qui nous guide le long de ce chemin de souffrance. Il marche à nos côtés tout au long du chemin. Sa présence est plus forte encore que jamais. Sa consolation est à la mesure de notre chagrin.

Ainsi, peu à peu, ce tsunami émotionnel s’apaise, la relation s’intériorise, la vie reprend son cours. L’être aimé est toujours là dans notre cœur, nos pensées, nos souvenirs, mais la vie reprend ses droits.

Il était important pour moi, en introduction aux prochains articles sur le travail du deuil d’évoquer la souffrance du deuil et de rappeler que cette souffrance est le socle du travail qui va s’opérer. Que nous approcher de Dieu et nous laisser consoler par Dieu est le meilleur chemin à prendre. Il est là, prêt à nous consoler

Nathalie Azrak

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