Tout au long des articles précédents, nous avons vu comment les manipulateurs s’y prennent. Et cela peut faire peur ! Mais, pas de panique !

Ils ont un sentiment de toute puissance et veulent faire croire qu’ils le sont. Et c’est bien ce sentiment, qui les amène à chuter, à se prendre les pieds dans le tapis, laissant ainsi la possibilité à leur proie de s’échapper. Cette suffisance, cet orgueil est bien souvent le piège qui se referme sur eux. Ils se sentent intouchables, au dessus de tout, ayant gagner la bataille, mais c’est alors qu’ils sont les plus faibles et qu’ils baissent leur garde. Finalement, même s’ils se présentent en colosses, ils ont bien des pieds d’argile.

Je voudrai rajouter, que bien souvent les manipulateurs souffrent, mais ne le savent pas. C’est, dans les cas extrême, une maladie mentale. Ils vampirisent les autres de ce qu’ils n’ont pas, afin de réduire cette souffrance, de réduire le vide abyssal qu’ils ressentent. Toutefois, ils seraient vain, voir naïf, de penser qu’on peut les aider. Seul un professionnel peut le faire, car il s’agit d’une vraie problématique de construction identitaire. Et, pour se faire aider, il faut qu’ils le veuillent ; parfois ils feignent de vouloir le faire pour tenter de garder l’ascendant sur leur victime ; mais bien souvent ils ne le veulent pas en raison de ce sentiment de toute puissance. Ils ne voient pas ce qu’il y a en eux et en sont certainement incapables car tout est biaisé. Cela n’est d’ailleurs même pas concevable pour eux! Ils sont pris eux-mêmes dans ce « jeu » de perversion. Ce sont les autres qui ne vont pas bien, qui ont un problème et certainement pas eux ! Très peu de manipulateurs consultent en réalité.

Les attaques du manipulateur relationnel sont destructrices. Et, face à une personne fortement perverse, il est difficile de réagir, car c’est tout le système relationnel qui est touché. C’est difficile mais pas impossible, car tôt ou tard, il se sabordera en raison de leur sentiment de toute puissance.

Il est souvent conseillé de rompre la relation pour se reconstruire. Le manipulateur fera tout, lui, pour ne pas perdre Sa proie. Il tentera tout pour la garder et la maintenir sous son emprise. Et s’il peut, il n’hésitera à la discréditer aux yeux de son entourage, et à entacher sa réputation.

Il est donc difficile de sortir de ces relations.

Anabelle Boyer[1] nous donne quatre raisons qui explique pourquoi cela est difficile.

–Le doute :  nous l’avons vu, la relation sous emprise maintient un état de confusion. Dans cet état, il est facile de douter de soi, et de douter de ce que l’on a vu, et ce, d’autant plus que le manipulateur n’hésitera pas à mentir et à se radoucir. Ce doute s’insinue dans l’esprit et va rester très présent. C’est à cause de lui que la victime va avoir du mal à lâcher prise, à couper le cordon. Il y a toujours cette petite voix à l’intérieur qui dit « peut-être que tu te trompes. »

–Croire qu’on peut le changer : la victime, car les émotions sont très présentes et aliénantes dans cette relation, pense qu’elle va pouvoir aider le manipulateur à changer. Elle se sent peut-être d’ailleurs investie de cette mission. Mais cela est une illusion.

–La victime veut pouvoir régler les choses : comme nous l’avons vue, elle est souvent bienveillante, empathique et manque d’estime d’elle-même. Le manipulateur, lui, ne veut pas lâcher. Il tentera tout pour ne pas perdre, reviendra systématiquement à la charge, pourra aller jusqu’à harceler, voire menacer. Il ne laissera pas tranquille sa victime. Il pourra dire qu’il a compris, qu’il s’excuse, qu’il regrette. La victime baisse alors la garde. Et, alors, il peut revenir à la charge.

–Son insistance :  comme vu précédemment, il va revenir sans cesse à la charge, et va essayer d’avoir sa victime à l’usure.

Sortir et guérir d’une relation manipulatrice peut être un processus difficile, un long chemin, mais il est essentiel pour retrouver un bien-être émotionnel et mental.

 Voici quelques étapes à considérer :

–Reconnaître la manipulation : prendre conscience des schémas de manipulation dans la relation et reconnaître que vous êtes victime de manipulation.

Il est important de faire un bilan, de lister tout ce qui a dérangé dans la relation, les commentaires négatifs, les longs silences, la jalousie, les appels… Il y a fort à parier, et c’est aussi une piste pour se reconstruire, que ce que vous pensez de vous (à travers les commentaires négatifs) est ce que le manipulateur est lui-même, et que ce que vous voyez de lui est ce que vous êtes vous, en réalité. Pensez que, ce que vous admiriez en lui, est ce que vous êtes vous même, mais que vous n’en avez pas conscience. N’oubliez pas, c’est un voleur. Il s’introduit chez sa victime pour lui voler ses beaux trésors. Dans ce jeu de dupe de la manipulation, tout est inversé.

-Établir des limites : fixer des limites claires afin de se protéger des comportements manipulateurs de l’autre personne. Et parfois, la coupure est nécessaire car elle reste la seule solution pour rétablir des limites, et les respecter. Cette mise à distance réglera les assauts répétés du manipulateur

-Soutien social : rechercher du soutien auprès d’amis, de membres de votre famille ou de professionnels de la santé mentale. Parlez de ce que vous vivez! Brisez le silence! C’est déjà un premier pas pour sortir de l’emprise, de l’enfermement dans lequel vous a mis le manipulateur.

-Prendre du recul : prenez de la distance émotionnelle en vous éloignant de la relation autant que possible.

-Se concentrer sur soi : faites des activités qui vous font du bien et qui renforcent votre estime de soi.

–Apprendre à dire non (apprendre la fermeté) : pratiquez l’affirmation de soi et apprenez à dire non aux demandes manipulatrices de l’autre personne.

–Consulter un professionnel : si nécessaire, consultez un thérapeute ou un conseiller pour vous aider à comprendre les dynamiques de la relation et à guérir de ses effets.

-Travailler sur l’estime de soi : renforcez votre estime de soi en vous concentrant sur vos forces et vos qualités positives.

–Établir des relations saines : entourez-vous de personnes qui vous soutiennent et vous respectent mutuellement.

Se donner du temps : guérir d’une relation manipulatrice peut prendre du temps. Soyez patient avec vous-même et donnez-vous le temps nécessaire pour guérir.

Ecrire : le manipulateur est excellent pour faire douter ; douter d’avoir pris la bonne décision, douter de nous-mêmes…

Écrire aide à poser les émotions, les doutes, à faire le tri, à ordonner les pensées, et à lever la confusion.

Si la fibre artistique est plus importante et que l’expression des émotions passe par la décoration, le bricolage, le jardinage, la musique, le chant, le dessin, ou tout simplement faire des coloriages, il ne faut pas hésiter à le faire.

La créativité est un excellent moyen pour se canaliser et se poser, et se faire du bien, pour renouer avec soi-même. C’est souvent cette fibre qui est détruite en premier par le manipulateur. Car elle touche à la beauté, à l’intériorité de la victime. A ce qu’elle a au plus profond d’elle-même. Elle relève du loisirs et de la détente. Ce qui est également fondamental, car la relation perverse a maintenu la victime dans un état de stress permanent et elle a besoin maintenant de se reposer pour pouvoir se rétablir. Créer, c’est aussi se remettre en route. C’est une dynamique.

Petit exercice extrait du livre d’Anabelle Boyer.

Cet exercice est à faire quand on se sent submergé d’émotions, de pensées.

-Ecrire sur un papier 50 phrases qui décrivent comment on se sent. On y met tout ce qui passe par la tête (frustrations, colères, etc.). Mais il faut absolument 50. C’est long, mais c’est cela qui est important, car cela permet de tout sortir de la tête.

-Attendre une heure.

-Au bout d’une heure, écrire 10 phrases qui décrivent comment on se sent maintenant. Et la différence est vraiment visible !

Cet exercice, assez difficile, permet de purger le système des émotions qui sont trop fortes.

Exemple de plan à mettre en place pour sortir d’une relation toxique :

Il peut être important de mettre très rapidement en place une série de moyens de protection qui vont aider à garder et maintenir la distance et une protection. Cet exemple de plan d’action est à mettre en place dans les trois semaines qui suivent la décision que l’on a prise :

-Annoncer que l’on met fin à la relation.

-Planifier avant (ou tout de suite après) ce que l’on va faire dans les 3h qui vont suivre (se rendre dans un lieu qui est apaisant, qui fait du bien, et où le manipulateur ne peut pas joindre sa victime). Pourquoi 3h ? C’est le temps critique qui suit la prise de décision pendant lequel le doute va être très fort, et le manipulateur risque de se montrer extrêmement insistant, culpabilisant…

-Changer si nécessaire, le numéro de téléphone, de mail ou bloquer ce contact.

-Contacter nos « garde fous », ce sont les personnes qui peuvent aider à maintenir la décision, qui peuvent guider, écouter, aider.

-Penser à soi, à se faire du bien car il faut reconstruire l’estime de soi.

-Et recommencer cette routine chaque jour jusqu’à ce que l’on sente que l’on en a plus besoin.

En fin de compte, sortir d’une relation manipulatrice et en guérir nécessite du courage, de la détermination et du soutien. Soyez patient et bienveillant avec vous-mêmes.  Ne sous-estimez pas l’importance de prendre soin de vous-même et de rechercher de l’aide lorsque cela est nécessaire, de vous faire aider par un professionnel.

Et enfin, pour conclure, je dirais qu’il ne faut pas hésiter à passer du temps dans la parole, dans la méditation de la parole, en prière, de se laisser toucher par notre Seigneur. Tout en lui est guérison et restauration et c’est auprès de lui que nous savons qui nous sommes. Il est Le consolateur !

Jésus a dit en Luc 4 : 18 (pour une guérison et une délivrance parfaite)

« L’Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés.. »

Galates 5 : 22-23 (pour retrouver de bonnes relations, mettre des limites et avoir les contours d’une relation saine et bienveillante, pour discerner ce qui est bon ou mauvais dans une relation.)

Car voilà tout ce que l’esprit fait en nous :

« Mais le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi.« 

Je rappellerai dans un prochain article les fondements d’une relation harmonieuse, saine et respectueuse.

Nathalie AZRAK

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[1] Relations sous Emprise, Annabelle BOYER, Béliveau Editeur

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