Yolanda : la blessure d’abandon

Yolanda, une femme dans la cinquantaine, avait toujours cherché à être aimée. Petite, elle avait grandi dans une famille où l’amour semblait contingent, où l’affection était donnée par bribes et le silence était la réponse à ses besoins émotionnels. Son père, distant, avait quitté la maison quand elle avait dix ans, et sa mère, submergée par ses propres blessures, n’avait jamais su comment lui offrir le soutien dont elle avait besoin. Le sentiment d’abandon avait été planté en elle comme une graine, qui avait germé et grandi dans les années qui suivirent.

Adulte, Yolanda avait cherché à combler ce vide à travers des relations amoureuses. Mais chaque relation semblait finir de la même manière : une séparation brutale, un silence pesant, et l’impression d’être laissée pour compte, encore une fois. L’abandon, pour elle, n’était plus seulement une crainte, mais une réalité répétée. Chaque rupture la renvoyait à la petite fille de dix ans, délaissée par son père. La blessure grandissait, nourrie par la solitude et l’échec.

Un soir, après une énième relation brisée, Yolanda se retrouva seule dans son appartement. Le vide semblait l’engloutir. Elle s’assit par terre, désespérée, et pour la première fois, elle s’autorisa à exprimer toute sa douleur. « Pourquoi, Dieu ? Pourquoi suis-je toujours abandonnée ? » cria-t-elle, les larmes coulant librement sur son visage.

Sans trop savoir pourquoi, elle alla chercher le vieille Bible que sa grand-mère lui avait laissée, bien des années auparavant. Elle l’ouvrit au hasard, et ses yeux tombèrent sur un verset :

« Je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point » (Hébreux 13 :5).

Ces mots frappèrent son cœur comme une vague douce mais puissante. Quelque chose en elle bougea. Pour la première fois, elle comprit qu’il pouvait y avoir un amour qui ne l’abandonnerait jamais.

À partir de ce jour-là, un chemin de guérison commença pour Yolanda. Elle se plongea dans les Écritures, cherchant des réponses aux questions qui tourmentaient son cœur depuis si longtemps. Elle découvrit que Dieu était le Père qu’elle avait toujours désiré, un Père qui ne la rejetterait jamais, qui ne s’éloignerait pas, même dans ses moments de faiblesse. Elle lut les Psaumes, où David, dans ses moments de détresse, criait à Dieu. Elle trouva du réconfort dans ces cris de désespoir, car elle voyait que même ceux qui aimaient Dieu passaient par des périodes de doute et de souffrance, mais ils n’étaient jamais seuls.

Peu à peu, ses blessures commencèrent à guérir. Yolanda réalisa que son identité n’était pas définie par les relations humaines, ni par les abandons qu’elle avait subis, mais par l’amour inébranlable de Dieu. Elle comprit que même si les hommes l’avaient abandonnée, Dieu ne l’avait jamais quittée. Il l’avait portée, parfois de façon invisible, à travers ses épreuves. Chaque verset qu’elle lisait semblait apaiser un peu plus son âme, lui rappelant qu’elle était précieuse, désirée et aimée inconditionnellement.

Yolanda trouva aussi du réconfort dans l’histoire de Jésus. Lui, aussi, avait été abandonné par ses amis, trahi, laissé seul dans son moment de plus grande douleur. Sur la croix, Jésus avait même crié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27 :46). Elle comprit que Jésus connaissait la profondeur de sa douleur, qu’il avait lui-même porté l’abandon dans sa chair. Pourtant, à travers sa résurrection, il montrait que même la plus grande souffrance pouvait être transformée en victoire. Chaque verset venait guérir un peu plus la blessure laissée par son père. Plus elle s’enracinait sur le Rocher solide, plus ses émotions se stabilisaient, plus l’image qu’elle avait d’elle changeait.

Avant son chemin de guérison, Yolanda avait adopté plusieurs masques pour cacher sa douleur et ses blessures d’abandon, pour tenter de masquer sa douleur. Ces masques sont des mécanismes de défense émotionnelle, mais bien souvent, ils ne font que prolonger la souffrance car ils ne traitent pas la racine du problème.

 Voici quelques-uns de des masques qu’elle a  tour à tour, porté.

Comme beaucoup de personne souffrant de blessure d’abandon, elle a d’abord revêtu le masque de la perfection.

« Personne n’abandonne une personne parfaite, qui répond (voire devance), tous les désirs de son entourage ».

Yolanda cherchait à être parfaite dans tout ce qu’elle entreprenait, espérant ainsi gagner l’approbation et l’amour des autres. Elle pensait que si elle était à la hauteur des attentes, personne ne pourrait l’abandonner.

Cette pensée, génère le mensonge que lorsque l’on est impeccable, personne ne peut nous rejeter. Elle devait devenir la partenaire parfaite, l’amie idéale. En faisant cela, elle espérait que cela lui assurerait une stabilité dans ses relations. Or cela n’a pas fonctionné. Tout d’abord, la quête de perfection est épuisante et irréaliste. Elle ne put jamais être elle-même, enfermée dans son rôle, sans possibilité de se laisser aller, de lâcher prise et de se détendre. Plus elle s’enfermait dans ce rôle, plus l’estime d’elle-même baissait (convaincue qu’elle n’en faisait jamais assez). Et cela était renforcé par les échecs qui se succédaient. Il se peut que les personnes étouffaient sous ses excès de prévenance. Aussi, malgré tous ses efforts, les gens partaient, la laissaient, l’abandonnaient. Ceci renforçant  à chaque fois,  le sentiment de n’être jamais assez bien pour mériter l’amour. 

Elle a également revêtu le masque de la dépendance affective en s’accrochant désespérément aux autres, par peur de se retrouver seule. Dans ces moments-là, elle était prête à tout pour conserver la relation. Heureusement, elle n’a pas rencontré de personnes abusives ou toxiques qui auraient pu lui faire subir des mauvais traitements morales ou physiques. Ce masque amène des relations complétement déséquilibrées et très souvent destructrices. Détruisant au passage encore plus l’estime d’elle-même, ne se respectant plus et ne respectant plus ses envies et ses désirs. Ceci n’est pas de l’amour, mais une peur de l’abandon déguisée.

« N’oublions pas que l’amour parfait bannit la crainte » 1Jean 4 :18

C’est ainsi, qu’elle a sombré pendant un certain temps dans une attitude de victimisation et porté le masque de la victime. Les scénarios intérieurs qui se sont joués alors ont été les suivants :

« Je suis toujours abandonnée, rien ne change, personne ne m’aime, personne ne m’aimera jamais… »

Ce faisant, pendant cette période, elle fut passive et s’est encore plus renfermée sur elle-même. Ce masque maintient dans le passé avec ces scénarios d’abandons qui se rejouent sans cesse dans ses pensées. Cette rumination l’empêche de se tourner vers l’avenir.

Puis, comme cela ne fonctionnait pas, elle a adopté, au fur et à mesure de ses échecs, et afin de s’en prémunir d’autres, l’attitude de « Je n’ai besoin de personne », se persuadant ainsi, qu’elle était capable de tout affronter seule. Elle a évité les relations profondes pour ne pas risquer d’être à nouveau abandonnée. Cette façade d’indépendance, laissait croire qu’elle était forte et autonome, mais en réalité, elle dissimulait une peur intense de sa vulnérabilité et du rejet.

Pourquoi ce masque n’a pas fonctionné ? Tout d’abord, il ne la guérissait pas, c’était, tout au plus, un pansement qu’elle mettait et qui cachait sa blessure aux autres et à elle-même. Cette tentative d’indépendance l’a amené à un isolement émotionnel profond. En se cachant de la sorte, elle ne vivait plus de relation authentique et restait enfermée dans sa douleur, sans laisser les autres (ni Dieu) l’approcher. Son cœur devenait de plus en plus endurci.

L’endurcissement de son cœur l’a amené à porter quelque temps le masque du cynisme et de la méfiance envers les autres. Elle adopta alors une attitude désabusée, se disant que l’amour et les relations ne sont que des illusions, et qu’elle ne devait plus jamais faire confiance à qui que ce soit. Mais ce masque n’a pas du tout fonctionné chez Yolanda. Le cynisme ferme le cœur et empêche la guérison. Sa sensibilité s’exprimait le soir chez elle. Sa souffrance et son sentiment de solitude n’en étaient que plus vifs. De plus, elle avait le sentiment de mentir sans cesse aux autres et à elle-même. Cela l’isolait encore plus. C’est, d’ailleurs un soir où elle ne supportait plus ce masque, qu’elle est allée chercher sa Bible, sans trop savoir pourquoi…

Un jour, Yolanda décida de partager son histoire avec un groupe de soutien à l’église. Là, elle rencontra d’autres femmes qui avaient vécu des abandons similaires, des blessures profondes qu’elles pensaient irréparables. Ensemble, elles commencèrent un voyage de guérison, partageant leurs fardeaux et priant les unes pour les autres. À travers la relation d’aide, elle trouva un nouveau sens à sa vie : aider les autres à guérir comme elle-même était sur ce chemin de guérison.

Les blessures d’abandon de Yolanda n’étaient plus des plaies ouvertes. Elles étaient devenues des cicatrices, des marques de guérison, des témoignages de la puissance transformatrice de l’amour de Dieu. Par sa relation avec Lui, elle avait appris que l’abandon humain n’était pas la fin, mais que dans cet espace de vide, Dieu pouvait remplir son cœur de Sa présence éternelle. Yolanda avait découvert que, même au milieu de l’abandon, elle n’était jamais seule. Ce Seigneur, si grand et si proche à la fois, remplissait complètement l’espace vide créé par la blessure d’abandon. Il le remplissait de sa présence, de son amour et de ses tendres soins.

Yolanda, comme d’autres, pouvait dire « celle qui m’a mise au monde m’a abandonnée, mais Jésus, lui, ne m’abandonnera jamais. » (Citation de J.)

Deux versets sont aujourd’hui des socles sur lesquels elle s’appuie chaque jour et qu’elle met en avant chaque fois que des racines cachées de cette blessures tentent de pointer leur nez :

  • Psaume 34 :18 : « L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. » Elle a cette ferme assurance que quoiqu’il lui arrive dans sa vie, l’Eternel est à ses côtés.
  • Romains 8 :38-39 : « Car j’ai l’assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. » Ce passage parle de lui-même.

Yolanda a parcouru depuis ce premier soir où elle a ouvert la Parole, beaucoup de chemin. Un chemin qui n’a pas toujours été facile. Un chemin étroit. Elle a trébuché de nombreuses fois. Elle a appris à faire confiance, mais aussi à se protéger car elle sait que les fantômes de ces blessures ne sont jamais très loin pour l’isoler et la ligoter à nouveau. Mais elle sait en qui elle croit. Elle sait que la vérité réside dans sa Parole et non pas dans tout ce qu’elle ressent. Depuis, elle avance. Et chaque jour est un jour de victoire, dans lequel elle redécouvre l’amour du Père qui, pour ne pas abandonner sa création a donné son fils unique pour nous sauver, salut prévu et préparé depuis des milliers d’années, non caché aux hommes et accompli en Jésus.

Nathalie AZRAK

« Car j’ai l’assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. » Romains 8 :38-39 :

Cet article vous a plu, interpelé, vous souhaitez approfondir, en parler, prier, être écoutée, être accompagnée, rompre l’isolement, mettre des mots sur vos maux du quotidien, alors n’hésitez pas à contacter l’adresse mail tite.ecoute@gmail.com, en mettant l’objet de votre prise de contact. Je vous recontacterai rapidement !

Pour me contacter :

Directement sur : tite.ecoute@gmail.com

Ou en remplissant le formulaire ci-dessous :

Retour

Votre message a été envoyé

Attention
Attention
Attention
Attention !

En savoir plus sur Tite Ecoute :

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture