

» (…) Ne vous affligez donc pas, car la joie que donne l’Eternel est votre force »
(Néhémie 8:10, version semeur)
Lors du dernier article, je vous ai fait un rapide tour des 5 émotions de base. Aujourd’hui, je souhaite mettre l’accent sur la différence entre les émotions et les sentiments.
Bien souvent, nous interchangeons les deux termes. Nous employons émotion pour sentiment ou l’inverse, sentiment pour émotion. C’est vrai que les deux concepts sont liés, mais ils ne sont pas identiques. Et nous n’en faisons pas toujours la différence. Aussi, je vais essayer, à travers ces quelques lignes de vous en apporter une vision plus claire et précise.
Commençons par l’émotion. Elle se manifeste par une réaction immédiate et intense à un stimulus tel qu’un événement ou une situation. Elle est brève et instinctive.
À titre d’exemples, je vous rappelle les 5 émotions de base : la peur, la joie, la colère, le dégoût et la tristesse.
Le sentiment, quant à lui, est une construction mentale plus solide et plus durable. Certes, il est généré à la base par une émotion, mais il va aussi s’inscrire dans un vécu, ouvrir une réflexion et devenir plus durable. Il est plus stable et conscient.
À titre d’exemple, je peux vous citer l’amour, la rancune, la déprime.
Pour résumer, les différences fondamentales sont que l’émotion est instantanée, physiologique, instinctive, brève, hors de tout raisonnement et réflexion, tandis que le sentiment, né à la base d’une émotion, va durer et s’ancrer dans la pensée et dans nos blessures, produisant ainsi une construction mentale plus complexe.
Je pourrais encore dire que l’émotion est fugace, une réponse instantanée à un événement, sans aucune pensée liée. Le sentiment, lui, est l’installation de cette émotion dans notre pensée et donc dans notre intériorité, à travers l’écho qu’elle provoque au regard de notre vécu, l’analyse qu’en font nos pensées et parfois, le rebond de nos blessures qui peuvent alors s’exprimer.
Pour imager, l’émotion serait une petite poche de brouillard rencontrée sur notre route dans une dénivellation et qui ne durera que le temps de traverser cet endroit. Nous gardons malgré tout nos repères, conscients que nous y entrons et en visualisant la sortie, la fin.
Le sentiment, lui, est ce brouillard lourd qui va s’installer et se retrouver sur tout notre trajet. Nous ne nous rappelons plus quand il a débuté, et n’en voyons pas la fin. Nous y perdons nos repères, avançant avec une certaine appréhension dans une réalité déformée, voire absente. Nous n’y voyons plus rien.
Pour illustrer, voici deux petites histoires :
Pour commencer, je vous présente Léa et comment elle est passée de la peur à la méfiance.
Léa marche dans la rue quand, soudain, un chien surgit en aboyant. Son cœur s’emballe, elle recule d’un bond : c’est la peur, une émotion immédiate de protection.
Le chien s’éloigne, mais Léa reste troublée. Elle se rappelle une ancienne morsure et se dit : « Je n’aime vraiment pas les chiens, ils me terrorisent, ils mordent. » C’est un sentiment de méfiance ou d’aversion, né de l’émotion et renforcé par son expérience passée. Une expérience au cours de laquelle, alors qu’elle n’était qu’une enfant qui n’avait pas l’habitude de côtoyer des chiens, elle s’était approchée d’un chiot, sans aucune crainte, ni méfiance. Ce dernier, voulant jouer, l’avait mordillée à la cheville, suscitant peur et surprise chez elle, décuplant ainsi la douleur ressentie. Et figeant cette peur en sentiment de malaise et de méfiance à l’égard des chiens.
Ici, l’émotion, la peur, est instantanée et physique, alors que le sentiment, la méfiance, se construit dans la durée.
Elle a d’ailleurs imaginé et repensé longtemps durant la journée que ce chien allait la mordre. Elle en était absolument convaincue! Elle est donc restée, ce jour-là, avec son sentiment de malaise et de méfiance, en se remémorant l’expérience passée. Et ici, nous voyons bien comment l’émotion de base, en se transformant en sentiment, vient travestir la réalité de l’événement vécu. Ce chien n’a été en fait que le déclencheur émotionnel d’un événement passé, ravivant cet événement, lui faisant revivre ce traumatisme, ouvrant ainsi les sentiments liés. Finalement assez loin de l’actuelle situation !
Maintenant je vous présente Tom et comment il est passé de la joie à la fierté.
Tom avait postulé pour un concours de photographie. Il avait envoyé son book, et une belle lettre de motivation. Il attendait avec impatience de savoir si on avait retenu sa candidature. À ce titre, il regardait plus qu’il n’en fallait ses SMS, car la réponse devait arriver d’un instant à l’autre. Et c’est ainsi, qu’en ce jeudi, alors que pour la centième fois depuis le début de la journée Tom regardait encore son téléphone et vit ce SMS : « Félicitations Tom, tu as été sélectionné pour le concours de photographie! » Son cœur se mit à battre plus vite, un grand sourire illumine son visage : c’est une explosion de joie, une émotion immédiate et intense.
Les jours passent, et chaque fois qu’il pense au concours, il ressent un bien-être profond et une motivation grandissante. Il se dit : « J’adore vraiment la photographie, c’est ma passion. » Ce sentiment de fierté et d’accomplissement s’installe durablement en lui.
Ici, l’émotion, la joie, est brève et vive, tandis que le sentiment, la fierté se construit et dure dans le temps. Et c’est ce sentiment de fierté qui va le pousser à se dépasser et finalement remporter le concours de photographie. Ce qui, dans un cercle vertueux, va renforcer encore son désir de faire de la photographie et nourrir de nouveaux projets.
Soyons donc méfiants sur les effets de nos émotions négatives, qui en s’installant, alimentent des sentiments négatifs qui eux-mêmes vont alimenter des croyances négatives et bloquantes, dominant ainsi nos volontés et nos actions. En revanche, sachons cultiver la joie qui, à long terme, va provoquer des sentiments positifs dans nos vies. Ce sont eux qui nous font avancer, être intentionnel et dynamique.
Nathalie AZRAK
Cet article vous a plu, interpelé, vous souhaitez approfondir, en parler, prier, être écoutée, être accompagnée, rompre l’isolement, mettre des mots sur vos maux du quotidien, alors n’hésitez pas à contacter l’adresse mail tite.ecoute@gmail.com, en mettant l’objet de votre prise de contact. Je vous recontacterai rapidement !

