Naît-on hypersensible ou le devient-on ?

Comprendre les origines, les types et l’évolution de la sensibilité

Souvenez-vous de mon histoire pour illustrer, de ce conte, de cette allégorie, celle d’Eliana, l’âme aux larmes de cristal.

Fragilité, émotivité, faiblesse, voilà tous les mots qui blessent. Ceux dont on affuble les hypersensibles car ils dérangent par la justesse de leur regard. Ils font peur, car ils sont vrais.

Avec eux, pas de fard, mais un regard lucide sur ce qu’ils ressentent. Et d’ailleurs, sans aucune hypocrisie, ils en sont incapables, ils libèrent ce que tout le monde réfrène. Au pays de la raison cartésienne, ils opposent celle de leurs émotions.

C’est ainsi que l’hypersensibilité désigne une réaction excessive d’une personne à un stimulus. Souvent réduite aux émotions, c’est pourtant une réaction beaucoup plus variée, car elle peut être de nature sensorielle, émotionnelle, intellectuelle (…) selon le contexte. Car il existe bien différents types d’hypersensibilité.

Je vous propose d’en faire le tour avec des mots simples.

1. Les différents types d’hypersensibilité

a) Sensibilité émotionnelle et psychologique

C’est la capacité à ressentir profondément les émotions, les siennes et celles des autres. Elle est souvent associée à l’empathie, la compassion et la vulnérabilité.

Exemple : Une personne hypersensible émotionnelle peut être touchée profondément par des critiques ou des conflits.

b) Sensibilité physique

Elle concerne la réactivité du corps aux stimuli extérieurs (bruit, lumière, toucher, douleur).

Exemple : Certaines personnes ne supportent pas des bruits forts ou des textures spécifiques. On parle alors d’hyperesthésie (ou hypersensibilité physique)

c) Sensibilité artistique et esthétique

C’est la capacité à être touché par la beauté sous toutes ses formes : musique, peinture, poésie, nature.

Exemple : Un artiste peut être profondément ému par une œuvre ou un paysage.

d) Sensibilité spirituelle

Elle traduit une ouverture aux réalités spirituelles, une aptitude à percevoir le divin ou une connexion profonde avec le sacré.

Exemple : Une personne peut ressentir une grande émotion en priant ou en méditant.

Pour résumer :

Hypersensible émotionnel : Ressent tout avec intensité, empathie forte, peut être épuisé émotionnellement.

Hypersensible sensoriel : Réagit fort aux sons, odeurs, lumière, aux ambiances, à l’esthétisme. Il a besoin de calme.

Hypersensible intellectuel : Esprit très actif, grand sens du détail, perfectionniste.

Hypersensible existentiel ou spirituel : En quête de sens, attiré par la spiritualité et l’authenticité.

Hypersensible blessé ou post-traumatique : Hypersensibilité développée après un choc, avec hypervigilance et besoin d’amour.

2. Une vérité en nuance : à la fois inné et acquis

L’hypersensibilité suscite encore beaucoup de questions : est-elle un trait avec lequel on naît, ou un état que l’on développe au fil des expériences ?

La réponse n’est pas binaire !

Mais on peut dire avec justesse :
On naît avec une sensibilité accrue – une prédisposition biologique,
Mais le vécu émotionnel et relationnel la renforce, la module ou la rend douloureuse.
Il ne s’agit donc pas d’un choix ni d’un simple caractère, mais d’une interaction entre la biologie et l’environnement.

À travers ce petit tour d’horizon, nous pouvons déjà nous rendre compte que lorsque l’on parle de sensibilité ou d’hypersensibilité, nous ne faisons, généralement, référence qu’à la sensibilité émotionnelle ou psychologique et non aux autres. Toutes les sensibilités ont une fonction, mais il est vrai que, quand elles se trouvent être hyperfonctionnantes, elles prennent de la place, envahissent et seul un aspect négatif perdure, celui d’une faiblesse. Qui n’a pas entendu dans sa vie : « oh là là que tu es sensible », sous-entendant bien souvent « tu es fragile », « tu es faible », « tu es une « chochotte », et j’en passe pour la sensibilité émotionnelle.

J’ai envie de dire, « oui je suis sensible et alors… »

Ou encore, telle ou telle artiste est ingérable, incompréhensible, invivable. Peut-être, mais justement n’est-ce pas sa sensibilité artistique qui fait de lui ou elle un « géni(e) » dans son domaine, qui crée des oeuvres qui nous touchent, nous bouleversent.

N’a-t-on pas donné souvent en exemple que « les contemplatifs spirituels » (quel horrible expression !), sont loin de toute action, œuvres visibles. Mais le monde a cruellement besoin d’intercesseurs, de personnes dont la sensibilité à l’esprit les amène à prier, beaucoup, sans cesse peut-être, et dans tous les cas à agir avec Dieu selon comment ils ont été équipés. Cette sensibilité là aussi a toute son importance !

La sensibilité physique est plus difficile à vivre, car très souvent elle handicape la personne dans sa relation aux autres. J’en ai pour exemple la misophonie qui est une sensibilité exacerbée aux bruits de bouche, de mastication. Cette hypersensibilité rend parfois difficile le partage de repas pour ces personnes, la convivialité. Leur réaction étonne, choque et pourtant, leur malaise est bien réel.

 3. Une prédisposition biologique

Des recherches menées par la psychologue américaine Elaine N. Aron ont montré que :
– L’hypersensibilité touche 15 à 20 % de la population,
– Elle est liée à un système nerveux plus réactif,
– Le cerveau des hypersensibles traite les informations plus en profondeur,
– Ils sont souvent plus attentifs, plus empathiques, et plus sensibles aux stimulations sensorielles et émotionnelles.

4. Le rôle déterminant de l’environnement

Même avec une base innée, le vécu émotionnel – famille, école, relations, société – va conditionner comment cette hypersensibilité s’exprime.

5. Hypersensibilité ou hyperémotivité ?

Il est important de différencier deux choses :
Hypersensibilité : Trait de personnalité stable
Hyperémotivité : État émotionnel passager souvent lié à la fatigue ou au stress
Beaucoup de personnes pensent être hypersensibles alors qu’elles vivent une période d’hyperémotivité. C’est passager. L’hypersensibilité, même « contrôlée » est constante et présente. Elle dure dans le temps.

Conclusion : L’Hypersensibilité est une richesse à apprivoiser

L’hypersensibilité n’est ni une maladie, ni un caprice, ni une faiblesse, mais un mode de perception du monde, parfois vulnérable, mais aussi puissant, beau et nécessaire. 

« Les éclats du dedans »

Je porte en moi des vents contraires,
Des ouragans faits de velours,
Un feu discret, une lumière,
Des cris muets, des mots d’amour.

Je sens le monde avant qu’il parle,
J’entends le cri sous le silence,
Je vois la pluie dans les étincelles,
Je lis les cœurs en transparence.

Je sens le monde avant qu’il pense,
J’entends l’écho de l’invisible,
Je vois la peur dans l’espérance,
Et l’impossible en indicible.

Mon âme est un fil électrique,
Où court la vie sans ralentir,
Chaque émotion, chaque musique,
Devient vertige ou souvenir.

Mon cœur, baromètre du silence,
S’éveille au moindre frémissement ;
Chaque regard devient présence,
Chaque soupir, pressentiment.

Je suis la flamme et la rosée,
Le cri du fer, l’écho du vent,
Un doux chaos apprivoisé,
Un ciel d’orage et de serment.

Encore la flamme et la rosée,
La mer calme et le courant fort,
Un fil d’émoi, d’or composé,
Qui tremble et brille, encore, encore

Quand l’autre hésite, je devine,
Son trouble avant qu’il ait tremblé,
Mon cœur explore, s’illumine,
Des vérités non révélées.

Trop voir, trop sentir, trop comprendre,
C’est vivre en mille éclats de peau,
C’est se noyer pour mieux s’étendre,
Dans l’océan du vrai, du beau.

Et si parfois tout me dépasse,
C’est que je touche l’infini :
Dans chaque larme que j’embrasse,
Brille un secret — presque béni.

Quand tout s’apaise, je m’élance,
Ma pensée court, feu d’artifice,
Cherchant dans l’ombre une évidence,
Un sens caché sous le factice.

Trop ressentir, c’est trop connaître,
C’est vivre au bord de chaque instant,
C’est se blesser pour mieux renaître,
Et deviner sans savoir quand.

Mais dans ce trop, je trouve un monde,
Où tout s’unit, où rien ne ment ;
L’intuition y devient féconde,
Et fait fleurir le firmament.

Ainsi je suis, vaste et fragile,

Faible et forte à la fois
Pleine de larmes et de lumière,
Fière d’une richesse subtile,
Le cœur à nu… hypersensible

Car Dieu connaît le cœur qui tremble,
Et voit la force dans la douceur ;
Il fait du fragile un exemple,
Et du sensible, un porteur de cœur.

Nathalie AZRAK

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