La semence de Noël

Depuis la nuit des temps, dans les nuits anciennes où le silence pesait sur la terre, la Parole dormait, comme une semence sous la neige. Elle n’était pas complètement cachée ni oubliée car elle était transmise et attendue.  Elle était promesse et espérance, murmure divin à l’oreille des humbles :  » Voici que la Lumière viendra ».

Elle se transmettait de bouche à oreille et de cœur à cœur. Les peuples marchaient dans l’attente et leur cœur battait au rythme des prophéties. Chacune d’elles était une flamme qui réchauffait et éclairait cette attente, et chaque flamme allumée dégageait un parfum. Chaque flamme avait sa musique, c’était comme des crépitements-murmures, et si on écoutait bien, attentivement et avec cœur, on entendait des chants qui s’élevaient et rappelaient que la délivrance se prépare en secret, et que la joie véritable naît de la patience et de la foi.

Alors les hommes et les femmes de ces temps anciens gardaient les yeux tournés vers le ciel, là où les étoiles scintillent et brillent comme de précieux joyaux. Mieux encore, chacun cultivait en son cœur avec ces rites, cette attente, cette délivrance ultime. Ainsi, l’Avent qui dura des milliers d’années se déployait devant eux comme un chemin de lumière dans l’obscurité : flocons d’espérance qui tombent sans bruit, bras ouverts de ceux qui accueillent l’invisible, mains tendues vers le frère et la sœur, car la promesse n’est pas pour quelques-uns, mais pour tous.

Chaque année portait en elle le souffle presque retenue de cette attente . Cette Avent est la semence de la promesse tant attendue. En terre, elle germe et pousse, invisible et silencieuse. Elle prend le temps de se fortifier et de grandir, cachée sous la terre. Nul ne la voit mais chaque prophétie énoncée est comme la pluie qui arrose la terre et fait germer. Elle dévoile partiellement la vérité. La foi des hommes et des femmes est, elle, comme un soleil qui vient réchauffer la terre. Et les deux combinés sont comme de la poussière d’étoile qui scintille et brille dans la nuit de l’attente. Parfois, quand la pluie est plus dense et la foi plus forte, la promesse cachée s’enflamme. Elle est, pour un temps, visible. Et ce sont ces flammes qui ont traversé le temps et éclairé le chemin.

Pour cette semence-là, il en aura fallu du temps, mais ce temps n’est pas perdu, il est la lente et sûre préparation. Il est l’orfèvre qui agence toutes les pièces. Et plus l’ouvrage est raffiné, plus il faut de la précision. Et la précision, c’est aussi du temps. Alors patience…

Et quand enfin le jour vint où l’Étoile brilla au-dessus de la crèche, la joie éclata comme un torrent : délivrance, réconciliation, pardon et paix se rencontrèrent dans le souffle du Nouveau-Né. L’attente se changea en chant, et la promesse devint réalité pour les cœurs qui avaient cru. La jeune pousse est enfin sortie de sa terre, se révélant au monde, fragile mais ancrée. Les racines bien plantées, elle est prête ! Si petite, et pourtant elle rayonne tant que la nuit du monde s’en trouve immédiatement transformée.

Et Noël nous rappelle que l’Éternel tient ses promesses, que la lumière jaillit même dans la nuit la plus profonde, et que chaque âme qui s’ouvre reçoit la joie qui surpasse toute attente. Ainsi la foi et la joie marchent ensemble, de l’espérance à l’accomplissement, et chaque Noël devient le signe que la Lumière du monde est venue pour demeurer.

Il est des plantes qui naissent et poussent dans les lieux arides, déserts et difficiles. La vie prend là et au moment où l’Éternel le veut. Elle prend la forme qu’il veut. C’est lui qui donne force et vigueur. Du ciel, l’étincelle luit, annonçant le nouveau chemin.

Mais Noël n’est pas une fin. C’est un début. Finit le temps de l’attente, Noël montre un autre chemin qui s’ouvre, un autre voyage qui s’invite. Un chemin qui n’aura pas de fin. Un chemin de réconciliation, un chemin de liberté. Un chemin qu’il faut prendre dès maintenant, car le temps est compté et celui de l’attente fini. Alors, en route pèlerin, car sur ce chemin, tout est devenu possible, la promesse faite chair, la promesse accomplie, la promesse attendue. La réconciliation enfin venue.

Dans les nuits actuelles, le silence ne pèse plus sur la terre, la parole qui dormait comme une semence sous la neige a fleuri en cette nuit. Elle n’est plus cachée. Elle est transmise et entendue.  Elle est promesse et espérance, murmure divin à l’oreille des humbles :  » Voici que la lumière est venue ». Et c’est ainsi que le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière… Et aujourd’hui, ce peuple est nombreux. C’est joie sur la terre. C’est cela Noël !

Joyeux Noël

Nathalie AZRAK

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